Cliousclat est un village perché de la Drôme, connu de longue date pour ses poteries. Les premières traces écrites de l’activité potière datent en effet du Xème siècle. De nombreux fours ont existé dans le village au cours des siècles, cuisant la production de potiers indépendants (ils étaient une cinquantaine au XIXe siècle), pour produire des pots en terre vernissée.
La terre de Cliousclat provient des alentours immédiats du village. L’argile est d’excellente qualité et ne donne pas de goût aux produits alimentaires. C’est la raison pour laquelle elle était utilisée pour la production de pièces à usage domestique et laitier (récipients à lait, biches, faisseliers…). Étant poreuse, la terre doit être imperméabilisée par un vernis au plomb : l’alquifoux.
Au début du XXe siècle, la concurrence de nouveaux matériaux oblige les potiers à se réinventer. Marius Anjaleras (1852-1928) décide de créer un modèle de production complet : la Fabrique de poterie. Il achète un terrain de 985 m² à la sortie du village, sur lequel il édifie en 1902 des ateliers, équipés de bassins de détrempage de la terre, d’une cour de séchage et d’un grand four à bois de 10 m3. Il invite les potiers du village à s’y regrouper.
La poterie de Marius Anjaleras est marquée par la tradition, mais elle évoluera avec le temps. Au début la production est exclusivement utilitaire. Puis, pour survivre, on commence à produire des vases de jardin, de toutes sortes et toutes tailles ; des pièces dites « fantaisie » de plus petite taille comme des tasses à café, des rossignols (sifflet rempli d’eau qui évoque le chant de l’oiseau), etc.
Les vocations de la poterie évoluent avec le temps. Au début, la poterie est utilitaire: les ustensiles de cuisine, production laitière, etc… Lorsque de nouveaux matériaux apparaissent, pour survivre, la poterie commence à produire des vases de jardin, de toutes sortes et de toutes tailles.
Puis le travail évolue dans la direction «censibelle»: c’est-à-dire des pièces dites «fantaisies» de petite taille comme les tasses à café, les rossignols ( petite poterie dans laquelle on souffle après l’avoir remplie d’eau et qui évoque le chant du rossignol), etc…
Les portes de l’atelier sont toujours ouvertes aux visiteurs. Tout le monde peut s’y arrêter. La poterie réunit des gens de caractères différents qui, avec le temps, deviennent une vraie famille : «quand l’un avait soif, l’autre avait envie de boire ». Mais ce n’est pas qu’au travail qu’ils se réunissent. Les potiers aiment se retrouver pour faire la fête et blaguer.
Malheureusement, la Fabrique de poterie de Cliousclat a cessé de produire en décembre 2012, après la cessation d’activité de la SARL « Poterie de Cliousclat » qui occupait les lieux.
La poterie avait été classée quelques années plus tôt à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques au titre d’un patrimoine industriel abritant des savoir-faire et des méthodes de travail spécifiques, et compte tenu de son intérêt architectural, avec ses 1 350 m2 de bâtiments sur un niveau, plus combles, comprenant un four à bois et cernant une grande aire de séchage.
Consciente de l’importance capitale de ce patrimoine pour « l’écosystème » du village, la précédente municipalité, dirigée par Sylvette Course, décide immédiatement de l’acheter.
Pour l’équipe municipale qui lui succède au printemps 2014, avec à sa tête Bertrand Delalle, la priorité est de travailler sur un projet de remise en route de cette vieille dame si chère au cœur des Cliousclatiens, mais aussi des amoureux de poteries et des visiteurs du village. Il va s’agir à la fois de rénover les bâtiments et de mettre en place la structure économique qui permettra le redémarrage de la production.
Les membres de l’association D554 ont quant à eux installé à proximité un «petit musée» de pièces anciennes locales qui rencontre toujours un grand succès.
Ce projet risquant de prendre du temps, le magasin a été loué à Richard Esteban, potier de terre vernissée formé à Cliousclat, qui y vend ses pièces.
Voilà comment la poterie de Cliousclat a pu rester ouverte au public jusqu’à son redémarrage en 2018.